AGreen Startup : valoriser et booster les projets d'avenir
Rien ne sert d'avoir une bonne idée si elle n'est pas testée sur le terrain... Premier concours de start up alliant innovation, agro-écologie, agriculture, végétal et environnement, AGreen Startup a donc pour objectif d'aider les porteurs de projets à en mesurer la viabilité potentielle. Organisée dans le cadre du Sival, à Angers (49), la deuxième édition de ce challenge a vu fleurir les deux concepts de quatre jeunes représentant le secteur horticole.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les jeunes ne manquent pas d'idées et ne sont pas tous démotivés, même vis-à-vis de nos filières ornementales, n'en déplaise aux grincheux de tous poils croisés ici et là. Dans le cadre du concours AGreen Startup (*) - durant le salon Sival 2017, à Angers à la mi-janvier dernier - une quinzaine de porteurs de projets ont « pitché » devant un public varié, composé d'étudiants, de salariés et de professionnels. Ils ont présenté en quelques minutes leur idée, leur concept. S'ils ont bien utilisé le temps imparti, ils ont pu passer un appel pour trouver des partenaires capables de faire un bout de chemin avec eux. Objectif : faire avancer et réussir ce qui leur tient à coeur, souvent le début d'un projet d'entreprise. L'exercice n'est pas facile, c'est une épreuve orale stressante pour beaucoup, mais c'est le principe de nombreux concours actuels : il faut arriver à convaincre des collaborateurs ou équipiers potentiels parmi le public. Tout l'art tient dans la constitution d'une bonne équipe pluridisciplinaire. En effet, dans le panel des dossiers présentés, généralement, le ou les porteurs de l'idée ont les compétences pour concevoir le produit ou le service, mais il leur manque souvent des informaticiens, des développeurs web (deux profils qui ne sont pas les plus fréquents dans un salon horticole ou maraîcher). Il faut aussi rencontrer des connaisseurs en marketing, en commercialisation et en design. Et pour avoir le maximum de chances, il faut également rencontrer des représentants en matières de gestion et de finance...
Quand des personnes du public adhèrent à un projet, ils rejoignent le porteur du concept et, dans la foulée, participent à des ateliers. Une sorte de marathon sur trois jours est lancé avec des personnes que l'on ne connaissait pas quelques minutes auparavant. Au menu des réjouissances : une expérience très particulière, avec des temps de travail pour aller peu à peu vers la concrétisation du projet. Des « mentors » ou professionnels viennent les coacher. Ils sont issus des secteurs bancaires, agricoles, du monde des végétaux, de l'entreprise, du marketing, de l'innovation... À la fin de la session, les équipes « pitchent » devant le public à nouveau, mais surtout devant un jury d'experts. Il faut « vendre » et argumenter son dossier dans sa globalité : expliquer l'innovation pressentie et la clientèle ciblée, avancer une étude de marché et un business plan, ainsi qu'un axe de communication et un « mix marketing » (technique d'acquisition d'une cible). En fait, il faut démontrer le potentiel de sa start-up (pour les projets bien avancés), ou au moins la valeur ajoutée et la crédibilité de l'idée, du concept, du service. Les compétiteurs ont alors un retour immédiat sur la faisabilité grâce aux avis du jury. Tout n'est pas fini, ce n'est qu'un premier pas dans le bain de l'entreprenariat.
La botanique et les collections végétales à l'honneur
Parmi tous les projets présentés, deux concernaient le secteur ornemental. L'un était plutôt axé sur la découverte de la botanique ; le second plus centré sur le réseautage et les relations humaines autour des plantes de collection. Ludivine Chambellant et Kévin Beausoleil, tous deux actuellement en master 1 « biologie et technologie du végétal » à l'UFR Sciences de la faculté d'Angers, passionnés de plantes, ont travaillé sur un projet intitulé Botanique Ludik avec l'envie de lutter contre l'offre végétale assez classique et trop restreinte. Une application pourrait inciter le public à découvrir la richesse (largement méconnue) du règne végétal et le potentiel ornemental. Dans ce cadre, tous deux recherchaient des compétences en informatique et en design.
Quant à Julien Devienne, étudiant en seconde année d'école d'ingénieur à Agrocampus Ouest, à Angers, et Adrien Arnoult, en master 1 « biologie et technologie du végétal » à l'UFR Sciences de la faculté d'Angers, ils ont défendu l'idée de valoriser les collections végétales. Ils ont présenté et proposé le site Internet Pass-e-flore. Ils avaient initialement imaginé une plate-forme qui susciterait et faciliterait la mise en relation des différents acteurs de la collection végétale (passionnés, collectionneurs), ainsi que le renouvellement des collections via des formations et des échanges de plantes inédites. Une boutique en ligne pourrait être développée et apporter des conseils sur le choix et l'entretien pour les non-initiés. Des kits de mise en culture seraient également proposés à la vente. Julien Devienne et Adrien Arnoult avaient, eux aussi, besoin de développement informatique, de webdesign, et de compétences commerciales pour pouvoir mettre en ligne leurs services. « Le projet a beaucoup évolué pendant AGreen Startup au Sival. Le premier jour, nous voulions créer une application de rencontre pour les collectionneurs. Mais après les conseils utiles prodigués par les mentors, et après des périodes d'intense réflexion, nous nous sommes réorientés vers un site vitrine d'information sur des produits commercialisés via des magasins partenaires. Un site de vente en ligne pourrait suivre », témoigne Julien Devienne. Savoir orienter son projet et rebondir en suivant les conseils donnés, c'est aussi cela AGreen Startup. Les doutes et les interrogations qui naissent au fil des rencontres permettent justement d'avancer. Aucun de ces deux projets n'a toutefois été primé au Sival par le jury d'experts. Botanique Ludik en reste là pour le moment. Mais les co-équipiers de Pass-e-flore ne baissent pas les bras.
Pour les organisateurs du Sival, « à l'instar de la 31e édition du salon, le végétal connecté et les solutions d'aide à la production font partie des grandes tendances de la seconde édition "végétale" du concours. L'accompagnement des particuliers est également une thématique récurrente des projets présentés. Ainsi, de la solution pour améliorer les cultures en passant par les outils ultra connectés, AGreen Startup s'inscrit pleinement dans notre volonté d'exposer l'innovation sous toutes ses formes, d'encourager et de booster les initiatives qui font l'agriculture d'aujourd'hui et feront celle de demain ».
Julien Devienne l'affirmait après sa première expérience au Sival : « Même sans compétences réelles dans le monde entrepreneurial, le concours AGreen Startup est ouvert à toutes les personnes ayant une idée et voulant la développer. Grâce à l'intelligence collective et au partage de connaissances et d'expériences, nos petits projets peuvent se concrétiser et se donner les moyens de devenir des projets d'avenir. » Ce jeune étudiant ingénieur et son coéquipier Adrien Arnoult, probablement déjà atteints par le virus de la compétition, ont mis Pass-e-flore à nouveau sur le gril, à la fin du mois de février, en participant au même concours AGreen Startup, mais cette fois à Paris, durant le salon des matériels agricoles, le Sima.
Un prix Coup de coeur au Sima
À Paris, le déroulement des épreuves est le même. Les deux étudiants n'ont pas trouvé de nouveaux partenaires, mais « nous avons rencontré d'autres mentors et nous avons recueilli des conseils et des visions complémentaires à ceux du Sival. Le sujet de la botanique n'est pas perçu comme un frein en soi. Donc nous avons continué à travailler sur notre projet, à lui donner une assise plus viable économiquement. Nous avons aussi amélioré la manière de le présenter, travaillé sur des kits de produits, et fait évoluer l'image du concept. Nous avons surtout gagné un prix Coup de coeur doté de 1 500 euros par le réseau des chambres d'agriculture, et de 800 euros offerts par l'agence La Communicante, spécialisée dans la communication pour les agriculteurs (www.communicante.fr), basée à Derval (44) mais qui rayonne entre Vannes (56), Nantes (44), Rouen (76) et Paris. Grâce à elle, nous nous sommes rapprochés de l'atelier SA au Carré (Les Sorinières, 44), spécialisé dans le design de produits et le webdesign. Grâce à tout cela, et en partie sur nos fonds propres, nous travaillons sur notre première campagne de produit ». Tous deux arrêtent [N.D.L.R. : au moins pour le moment] les compétitions et travaillent sur la maturation de leur dossier et sur une étude de marché pour bien se différencier de ce qui existe déjà. Julien Devienne mène de front projet et études. De même pour Adrien Arnoult, qui utilise son temps de projet professionnel et personnel (PPP). Les 1er et 2 avril prochains, ils organisent une tombola et des ateliers de jardinage dans le cadre des « Printemps » du parc Terra Botanica, à Angers. Le pécule espéré permettra de commencer des achats (pots, substrat, engrais, graines...) pour les premiers kits à commercialiser, et peut-être d'avancer sur le site Internet (un compte est déjà animé sur https://twitter.com/pass_flore et @pass_flore). Quatre à six campagnes de tests sont également prévues prochainement dans des jardineries à Nantes et à Angers. « Nous ne sommes pas encore tout à fait prêts pour engager une démarche de financement participatif. Nous verrons plus tard si c'est nécessaire », conclut Julien Devienne.
Odile Maillard
(*) Labellisé Angers FrenchTech. Il en est à sa 10e année en agriculture (la seconde pour les filières végétales). Inscriptions sur www.simaonline.com/Evenements2/Agreen-Startup et www.techelevage.fr/sinscrire-a-agreen-startup/
Après avoir bénéficié des conseils des membres du public qui avaient été séduits par son projet, Julien Devienne (à gauche) a exposé, lors de la dernière journée, son dossier devant un jury d'experts dans des domaines variés (agriculture, innovation, entreprenariat...). PHOTO : AGREEN STARTUP
De gauche à droite : Ludivine Chambellant et Kévin Beausoleil, Julien Devienne et Adrien Arnoult, tous en formation à Angers, ont présenté deux projets concernant le végétal au concours AGreen Startup durant le Sival 2017. PHOTO : ODILE MAILLARD
Pour accéder à l'ensembles nos offres :